Dimanche 22 novembre 2009

Ensemble QUENTIN le jeune

Fêtons la Sainte Cécile, patronne des musiciens
avec :

Jean-Christophe et Agnès Lamacque, violes d'amour et violons
Carole Carrive, viole de gambe et violoncelle
Françoise Depersin, orgue


Programme :
Corelli, Bononcini, Heinrich Von Biber (extrait de Harmonia artificiosa écrit pour deux violes d'amour et basse continue), Buxtehude, Ucellini, Pachelbel.

Compte-rendu :


Dans l'Europe baroque, les familles des violes et des violons se partagent les faveurs des compositeurs. Si les Allemands utilisaient volontiers, dans leur musique de chambre, la viole de gambe, les Italiens lui préféraient le violoncelle. Cependant tous s'accordaient pour louer, à côté de la virtuosité brillante du violon, la douceur de la viole d'amour. Cet instrument, très souvent orné d'une tête de femme aux yeux bandés, symbole de l'amour, doit la tendresse de sa sonorité à la résonance des cordes sympathiques vibrant, sans être touchées, par "sympathie" avec les cordes frottées par l'archet.
Grâce à 'Ensemble Quentin le Jeune et à ses musiciens (tous les quatre présents depuis sa création), beaucoup d'entre nous ont vu de près cet instrument qui a été très apprécié au 17° et 18° siècle et a été abandonné par la suite au profit du violon : une des raisons se trouve sûrement dans la complexité de la construction de l'instrument ... et celle de la difficulté et de la stabilité de l'accord de ses douze ou quatorze cordes ! ( voir la galerie de photos sur leurs instruments)
Heinrich Biber (1644-1704) :
Au service de l'archevêque de Salzbourg, ce musicien allemand a composé de nombreuses sonates en trio, en formation à l'italienne (deux dessus égaux destinés aux violons), ou en formation très prisée en allemagne (la viole de gambe étant le deuxième instrument soliste). La Partia n° VII met en valeur la chaude sonorité des violes d'amour.
Les musiciens italiens : Corelli, Bononcini, Uccellini
Si Corelli est considéré comme le maître de l'écriture en trio à l'italienne, Bononcini, qui a eu une carrière internationale (Autriche, Angleterre, France) comme violoncelliste et compositeur, a laissé une oeuvre importante d'opéras, d'oratorios et de cantates ainsi que de musique de chambre : sa Sinfonia se distingue de la sonate d'église par l'écriture de solos virtuoses pour chacun des deux violons et du violoncelle.
Marco Uccelini, sans aucun doute violoniste virtuose, explore dans sa Sonata decimaottova les possibilités expressives du violon, opposant passages exubérants et tendrement dissonants.
Les musiciens allemands : Buxtehude et Pachelbel
Buxtehude, grand maître de l'orgue auprès de qui le jeune Jean-Sébastien Bach était venu se former à Lubeck, a écrit plusieurs sonates pour un ou deux violons, viole de gambe et basse continue ; malheureusement une seule partition nous est parvenue. Le violon y révèle ses possibilités polyphoniques par l'utilisation de doubles ou triples cordes.
Pachelbel utilise, dans son recueil de "délices musicals", la scordatura, procédé caractéristique de l'école germanique de violon : le violon est accordé de façon différente (si mi si mi) pour obtenir des couleurs harmoniques différentes et faciliter le jeu virtose en double et triples cordes et en arpège.
N'oublions pas la claveciniste François Depersin, ici au clavier de l'orgue, qui a tenu, avec la violoncelliste Carole Carrive, la basse continue enrichie par des ornements libres, comme il était d'usage à l'époque baroque.

Viole d'amour Viole de gambe Quentin Le Jeune Françoise Depersin